
DE LA GRANDE VISITE…LIBRE
En voyant évoluer Michel Charrette dans la comédie Visite libre présentée au Théâtre des Hirondelles à Saint-Mathieu de Beloeil, j’ai souvent pensé à Claude Michaud. Il y a une certaine ressemblance dans la générosité du jeu, dans la complicité avec le public et le sens du comique. J’ai vu tellement souvent Michaud transformer une pièce bien ordinaire en un grand succès auprès du public à cause de son talent de comédien et son sens de l’improvisation. Il a été propriétaire du même théâtre où évolue actuellement Charrette, qui portait alors le nom de La relève à Michaud. Il a fait souvent salle comble de 1978 à 1991 alors qu’il dirigeait le théâtre, jouait, adaptait les textes, en plus de signer la scénographie et la mise en scène. Michaud a tout fait dans ce théâtre, même acheter des accessoires de théâtre chez le quincaillier et je l’ai vu poser des affiches de son théâtre sur les poteaux.
Barette n’a pas besoin d’en faire autant parce d’abord, il n’est pas propriétaire des lieux et il est fort bien entouré par Lyne Drolet et Mario Provencher, les jeunes propriétaires du Théâtre des Hirondelles, du metteur en scène François Chénier et des comédiens de la trempe de Diane Lavallée, Jeff Boudreault, Brigitte Lafleur et Martin Héroux.
Ma grande surprise a été d’apprendre que Michel Charette avait eu l’idée et avait écrit le texte de Visite libre en compagnie de François Chénier. Je ne savais pas que Charrette avait ce talent. Et là, on parle de beaucoup de talent parce que le texte permet à cette comédie d’être gagnante dès le départ. Une idée fort simple mais tellement efficace : un agent d'immeuble dont l’ambition est totalement démesurée qui veut absolument vendre une maison et qui prend tous les moyens pour y arriver. Il reçoit beaucoup de clients et il doit trouver un acheteur en peu de temps. Le problème, c’est que ce vendeur sous pression n’a plus de répit, plus de véritables amis et plus de vie personnelle.
On verra bien comment il finira par résoudre ce problème mais l’intérêt de la pièce réside dans la parades d’acheteurs potentiels qui nous donnent des numéros tordants. Et ce à répétition. Je n’oserais pas comparer cette pièce au phénomène Broue mais il y a certaines ressemblances, au niveau du rythme et de la qualité du jeu des comédiens qui multiplient les personnages. J’ai beaucoup aimé la prestation de Martin Héroux qui nous livre un numéro presqu’acrobatique d’un vieillard complètement perdu qui n’arrive jamais à monter un escalier. De quoi se souvenir d’Olivier Guimond. J’ai aimé aussi Charrette qui se transforme continuellement et qui a un sens de la scène, une présence et cette complicité dont je parlais tantôt qui me permettent de prédire qu’il fera sa marque dans les théâtres d’été. Il sait d’instinct se rapprocher du public et c’est ce que les gens réclament dans l’atmosphère de fête et de détente des théâtres en été.
Rien à redire de la distribution quand on connaît le talent de Diane Lavallée qui ne semble pas vouloir vieillir et de Jeff Boudreault dans le rôle du vendeur. Brigitte Lafleur, c’est à mon avis, l’une des plus belles promesses du théâtre. En somme, un remarquable distribution et une mise en scène réussie de François Chénier. Une petite réserve sur certains aspects gaillards de la pièce. Il n’est pas nécessaire de… « faire dans ses culottes », pour faire rire. Et si ça vous fait rire. Tant mieux! Je parle ici d’un détail parce que cette comédie devrait avoir une longue vie. Si vous voulez rire absolument même gras, vous ne serez pas déçus. Une des meilleures pièces de l’été!
(Crédit photo: Simon Duhamel)