dimanche 7 novembre 2010

Le Meilleur Tchekhov


FRICASSÉE D’AUTOMNE

En ce pluvieux temps d’automne, je vous propose une fricassée de coups de cœur pour vous animer, pour vous divertir, pour vous allumer. C’est selon. D’abord mon grand coup de cœur du mois, celui que j’ai vécu chez Duceppe : la remarquable mise en scène de La Cerisaie, signée par Yves Desgagnés. J’ai vu la plupart des œuvres de Tchekhov et même quelques comédies qu’il a commises au Québec et en Europe. Ce qui me permet d’affirmer que Desgagnés a accompli l’exploit d’alléger, de dépoussiérer et d’actualiser sans dénaturer cette dernière pièce écrite par Tchekhov.

J’ai lu quelque part une très mauvaise critique du travail de Desgagnés dans je ne me souviens plus du journal et j’enrage de constater la mauvaise foi sûrement l’incompétence de cet auteur qui ne sait sûrement pas reconnaître les difficultés que propose Tchekhov. À vrai dire, on réussit rarement à bien jouer Tchekhov. Il y a de quoi se casser les dents. Je me souviens d’un monumental four au Rideau Vert il y a une dizaine d’année. D’un ennui mortel. Il n’y a que le théâtre de l’Opsis et évidemment Serge Denoncourt ainsi que Yves Desgagnés qui ont réussi à bien monter Tchekhov durant les dernières années.

La comédienne Andrée Lachapelle m’avait dit avant d’aborder le célèbre dramaturge russe : « Jouer du Tchekhov, c’est comme marcher sur des œufs, constamment». Et cette grade comédienne a beaucoup joué du Tchekhov. Beaucoup. Il y a dans les textes tant d’intentions, de passions, d’analyses, d’explosions et de détresse sans qu’il n’y paraisse. Imaginez le travail de l’acteur qui doit livrer le sous-texte. Et je pense évidemment à Gérard Poirier qui a magistralement rendu le personnage du vieux Firs. Jean Gascon a déjà interprété ce rôle. J’ai déjà vu une production belge de La Cerisaie où ce personnage était interprété par une marionnette géante que le marionnettiste laisse tomber à la fin du spectacle. Poirier a lui aussi, bien compris la décadence du personnage en traînant les pieds et tout son corps accablé.
J’ai beaucoup aimé aussi Pierre Colin en Pichtchik, ce russe fêtard, buveur, danseur ainsi que Normand D’Amour, férocement entrepreneur, magouilleur quasiment capitaliste dans cette Russie au bord de la révolution de 1907.

Le tableau de ce bouillonnement des idées est saisissant dans ce portrait de Tchekhov fort bien rendu par Desgagnés qui a réussi à se dégager de l’ennui dans une pièce qui traite de … l’ennui de la bourgeoisie et des profiteurs d’une autre époque.

Humour
Dans cette fricassée, il y en a aussi pour l’humour. Après Daniel Lemire, c’est du grand de stature, Martin Petit, dont il sera question. Je suis allé le voir à reculons et je ne l’ai pas regretté. Parce que la proposition de Petit est claire et sans ambiguïté. Il s’adresse à un jeune auditoire, parle de la vie, du cul, du couple, de sa taille, des excréments, de l’actualité et tout, tout. Tout. C’est assez loin du théâtre, j’en conviens. À vrai dire c’est du vrai stand-up comic et ça cartonne comme disent les Français. Il est tout ce que n’est pas Daniel Lemire, c’est à dire, vif, rapide, punché avec des blagues à l’emporte pièce. Le contenant est impressionnant. Le contenu, c’est beaucoup moins fort. Disons que ce n’est pas Guy Nantel…

Sylvie Drapeau
Très mauvaise nouvelle, le producteur et comédien Jean-Bernard Hébert m’apprenait que la comédienne Sylvie Drapeau n’interprétera pas, en fait elle n’interprétera plus le personnage de Édith Piaf dans la fameuse production Piaf présentée l’été dernier au Théâtre de Rougemont et actuellement en tournée au Québec. La consolation, c’est que Dominique Leduc, qui jouait le rôle de Momone, remplacera avec beaucoup de talent Sylvie qui est au grand repos pendant une période de six mois. Je crois que la grande comédienne est allée au bout de ses forces…

Gilles Dessureault
L’homme qui est derrière le succès de Belles-Sœurs, la comédie musicale qui a triomphé à Joliette l’été dernier, est de retour, à la direction d’un théâtre mais pas à Joliette. Celui que plusieurs considèrent comme l’un des meilleurs diffuseurs au Québec (et je suis l’un de ceux-là), Gilles Dessureault a séché pendant une bonne année avant qu’on ne lui fasse signe à Victoriaville. Regardez bien comment il va transformer le théâtre à Victo!

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