samedi 3 juillet 2010

PIAF TRIOMPHE ENCORE À ROUGEMONT


« Elle a travaillé pendant un an afin de connaître et de se transformer en Édith Piaf » répétait, Jean-Bernard Hébert, directeur artistique et propriétaire du Théâtre de Rougemont, en commentant la performance de Sylvie Drapeau après la première de Piaf. Jean-Bernanrd était ravi, ému, emporté par cette vague d’amour et d’émotions que s’étaient échangés les spectateurs et Sylvie Drapeau durant la représentation. Belle occasion pour lui de fêter le 25e anniversaire de sa compagnie alors qu’il produit cette année, fort probablement la meilleure pièce de l’été. Définitivement, la meilleure performance de la part d’un comédien ou d’une comédienne.

J’étais heureux de ce triomphe parce qu’il me permet de frapper encore une fois sur le clou et de répéter qu’il existe du théâtre de grande qualité, en été et ailleurs qu’à Montréal. Je ne sais pas si un jour, on comprendra l’importance du rayonnement du théâtre en été. C’est vital pour le métier et pour les régions. Parce que non seulement j’ai vu une pièce qui m’a fait vivre de grandes émotions à Rougemont mais j’ai aussi acheté une bouteille de vin au restaurant voisin : le Mont Rouge. Je ne savais pas qu’on faisait du si bon vin à Rougemont. C’est ça aussi le théâtre en été. On découvre le Québec, un peu plus, à chaque fois qu’on se déplace pour assister à un spectacle.

Revenons à Piaf pour louanger, quoi dire d’autre, la phénoménale prestation de Sylvie Drapeau qui du haut de sa grande taille qui doit bien faire près de six pieds, réussit à se ramasser dans le tout petit corps d’Edith Piaf qui faisait à peine cinq pieds. Et on y croit à ce personnage d’Édith Piaf dès le début de la représentation alors qu’on nous présente la toute jeune Piaf devant un micro dans les années 30. Sylvie Drapeau disparaît derrière le maquillage, la robe noire et surtout les gestes, l’énergie et la vie difficile de la môme Piaf.

On reprochera bien des choses à la mise en scène de Jacques Rossi. Je n’irai pas jusque là. La première partie est plus lourde, plus noire, peut-être un peu confuse parfois mais c’est à mon avis, un reflet de l’époque et des quartiers miséreux de Paris pendant la dernière guerre. Et on oublie la qualité de sa scénographie avec les superposition de plusieurs cadres qui permet de voyager dans l’espace et le temps. Cette première partie présente les personnages, situe le contexte et raconte les débuts laborieux de la chanteuse. L’auteure, Pamela Gems, est anglophone et raconte Piaf avec une vision américaine. Et j’ai remarqué, que l’on se plaît à démarrer lentement les représentations chez les anglo-saxons et à éclater en deuxième partie, comme si on voulait ménager les munitions pour le dernier segment du spectacle. Et ça éclate dans ce Piaf imaginée par Pamela Gems. C’est Piaf qui atteint le succès et qui vieillit très vite devant nous. Elle créé sa propre légende avec sa sincérité, ses excès, son opium et ses amants. Et jamais, elle n’abandonnera son public, sauf quand elle s’écroulera, au bout de ses forces, au bout de sa santé devant lui. Et c’est là que Sylvie Drapeau se surpasse et atteint des sommets. Je n’ai aucune inquiétude, on se précipitera pour assister à cette prestation. Pour dire dans plusieurs années, qu’on était là quand Sylvie Drapeau a joué Piaf. Comme moi, je dis aujourd’hui que j’étais là quand Sylvie Drapeau a joué Rosana, dans Le temps d’une vie au Théâtre du Village d’Émilie, à Grand-Mère en 1993.
(Crédit photos : Mathieu Rivard)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire